Sans dispositif de contrôle, les animaux protégés sont livrés à un trafic destructeur au Sankuru

Une enquête préliminaire a révélé que le chef-lieu de la province du Sankuru est l’épicentre d’un trafic destructeur de la faune sauvage et ses produits. Le manque d’application des lois favorise ce réseau tant lucratif que destructeur alimenté par l’impunité et l’absence de services de contrôle. PVN lance un cri d’alarme pour sauver peu ou prou les aires protégées de la région.

Un bébé Bonobo a été arraché à sa mère, malheureusement tuée lors d’une attaque à calibre douze des braconniers dans la forêt de Djonga, territoire de Lomela dans la province du Sankuru, au cœur de la République démocratique du Congo. La maman Bonobo, lâchement abattue, finira sur les étals du marché de viande de brousse, tandis que le petit ayant survécu aux coups de cartouche « 00 » s’est retrouvé entre les mains de trafiquants d’animaux sauvages. 

Alertée par un réseau d’informateurs, la Coordination provinciale de l’environnement du Sankuru a dépêché un inspecteur qui est intervenu rapidement pour arracher le petit primate entre les mains des trafiquants d’animaux sauvages avant la transaction. Ces faits récents illustrent bien la brutalité d’un trafic implacable de la faune sauvage dans cette région du pays.

Selon une enquête préliminaire « Etat des lieux, défis et perspectives sur la Réserve naturelle de Sankuru (RNSA) » récemment rendu public par l’organisation PVN, la ville de Lodja serait « l’épicentre de l’évacuation des produits de la faune sauvage en provenance de trois aires protégées voisines, notamment les Parcs nationaux de Salonga et Lomami ainsi que la Réserve naturelle du Sankuru (PNS, PNL et RNSA) ». 

Cette capitale de la province du Sankuru est l’une des villes de la RDC, plaque tournante, d’où les trafiquants de produits de la faune vivants ou morts alimentent allégrement les grandes agglomérations telle que Kinshasa et Brazzaville, au Congo voisin. 

L’enquête révèle qu’en l’absence du dispositif de protection durable, les espèces protégées de la région de Sankuru sont livrées à un trafic organisé, aussi lucratif que destructeur.

Cri d’alarme… 

PVN en appelle à l’installation d’un bureau de l’Institut Congolais de la Conservation de la Nature (ICCN) au Sankuru en vue de pouvoir faire face aux défis de la protection de la faune sauvage. Sans la présence de l’ICCN pour faciliter l’intégration la RNSA dans le système de gestion des aires protégées congolaises, un danger permanent guette l’ensemble du bloc forestier Lomami-RNSA-Salonga qui permet la connexion forestière des parties Est (PNL) et Ouest (PNS) de la RDC en passant par le centre (RNSA).

Cette région riche en biodiversité faunique endémique importante du pays, à elle seule étant entourée d’aires protégées nationalement et internationalement renommées, devrait pouvoir mettre en application les dispositions légales relatives à la conservation de la nature en vue de mitiger la criminalité faunique.

Comme qui dirait « pas de loi pas d’infraction ». Ainsi, en l’absence d’une régulation des périodes de fermeture et d’ouverture de la chasse, quiconque voudrait s’adonner au commerce d’animaux protégés ou à la viande de brousse s’y prêterait bien et sans inquiétude du fait que les portes de la chasse sont largement ouvertes du 1er janvier au 31 décembre.

Au Sankuru, les lois N°082 et 014 respectivement relatives à la réglementation de la chasse et portant conservation de la nature y sont méconnues et sans aucun effet. Les structures étatiques censées de les faire appliquer les ignorent et sont quasi inexistantes de ce fait. Même les autorités judiciaires face aux rares trafiquants récidivistes en arrivent à sous-estimer les infractions relatives à la conservation de la nature, tant ils les qualifient d’« infractions éphémères ». Il s’observe si pas une négligence en faveur d’infractions au droit pénal, une méconnaissance des notions aux infractions relatives à la criminalité faunique.

Il est plus que nécessaire d’envisager les mécanismes et moyens de former tous les acteurs impliqués sur les dispositions légales relatives à la conservation de la nature au pays. Ce dispositif pourra contribuer un tant soit peu, sans être une fin en soi, à lutter contre la criminalité faunique dans la région.